Les espaces de bureaux flexibles ont souvent été l’apanage des GAFA et des start-ups de la Silicon Valley, du moins dans l’imaginaire collectif. L’hybridité des espaces de travail a longtemps été associée à la mise à disposition sur un même site, de plusieurs typologies d’espaces permettant de répondre aux différentes activités et besoins des salariés. Puis, la sédentarité de nos modes de vie et de consommation, ainsi que la crise du Covid, ont peu à peu amené un glissement des frontières entre vie privée et personnelle, autorisant alors le Home Office. Le modèle s’est aujourd’hui structuré avec le développement massif des espaces de coworking, des tiers-lieux et des Fab Labs sur le territoire qui deviennent partie intégrante des politiques immobilières des entreprises. Mais cette hybridité fonctionnelle et géographique est-elle créatrice de bien-être pour ses utilisateurs ?
Depuis plusieurs années déjà, le collaborateur est remis au centre des questionnements de l’entreprise, et son bien-être est un critère qui tend de plus en plus à se mesurer. Des classements ont vu le jour pour permettre d’identifier les entreprises où il fait bon vivre, les Chief Happiness Officer sont nés, les témoignages de collaborateurs -choisis sur le volet- exprimant la façon dont leur entreprise les rend heureux foisonnent... Cependant le bonheur n’est pas nécessairement la clé du travail ! Comme l’exprime la philosophe et conférencière Julia de Funès, « la réelle bienveillance au travail consiste en un mélange de courage, de clarté managériale, et de sens des confrontations, très éloigné de l’idéologie du bien-être à tout prix ». Le bonheur au travail devrait ainsi faire référence à un sentiment général de satisfaction et d’épanouissement dans son travail, dans le respect de ses propres choix et contraintes.
Avant, la période pré-covid, force est de constater que plus on parlait de bonheur, et plus les sujets de quête de sens, de burn-out ou de désengagement des collaborateurs se développaient. Ainsi, la période du Covid aura prouvé qu’il n’existe pas une recette miracle au bonheur confondu dans le conformisme de la « coolitude », mais qu’il est au contraire le fruit de l’individualisation des personnes et du renforcement de l’autonomie des collaborateurs.
Cependant, il faut reconnaître aux volontés de bien-être en entreprise, la capacité à créer une atmosphère qui peut favoriser le dialogue et la confiance réciproque. Les managers sont ainsi plus à l’écoute des désidératas de leurs collaborateurs et peuvent avoir la liberté de leur permettre souplesse et adaptation dans leur quotidien.
Un quotidien qui leur offre la possibilité de travailler depuis les locaux de leur entreprise, un espace de coworking, un espace public ou de chez eux.
Une étude de WeWork datant de juillet 2021 affirme que salariés comme entreprises ne veulent plus revenir au monde d’avant Covid. La plupart des salariés imaginent aujourd’hui une répartition équilibrée entre travail à distance et présentiel. Les entreprises aussi reconnaissent ce besoin et envisagent de plus en plus le recours aux bureaux flexibles pour y répondre.
A noter que l’étude révèle également que plus les salariés gagnaient en flexibilité, plus l’entreprise gagnait en productivité. C’est pourquoi, 79% des entreprises souhaitent favoriser la pratique du télétravail et 76% affirment pouvoir délivrer une allocation à leurs salariés pour leur permettre de travailler depuis leur domicile ou un espace de coworking.
Des chiffres confirmés par les salariés puisque selon l’étude menée par Cadremploi Boston Consulting Group, 78% des talents français plébiscitent un modèle de travail hybride.
L’approche hybride est ainsi associée à l’atteinte de meilleurs résultats. Si aujourd’hui l’hybridité du travail s’entend principalement par la pratique du télétravail depuis son domicile ou un espace de coworking, le modèle pourra demain démultiplier le champ des possibles. L’hybridité des espaces de travail correspondra bien à la coexistence d’une relative pluralité des lieux, rythmes et usages.
Selon François Vermeil, fondateur de la plateforme workin.space spécialisée dans l’accompagnement des sociétés à trouver des bureaux flexibles :
« Nous voyons de plus en plus de concepts s’affiner et se démarquer à l’instar des espaces de bureaux flexibles, des bureaux opérés, des espaces de corpoworking, des hubs… et assistons à l’ère du travail on demand ».
L’étude de Cadremploi précitée dévoile par ailleurs que 41% des salariés se disent prêts à quitter leur entreprise si celle-ci ne propose pas une flexibilité d’organisation des lieux, jours et horaires de travail.
Libre donc à chaque dirigeant de définir, en concertation avec ses salariés, les règles qui encadreront l’usage de ces modes de travail, mais gage que l’hybridité est en marche et qu’elle s’annonce comme la prochaine grande révolution des espaces de travail.